Nous avons reçu la visite de l’une des références de la voile du moment : Silvia Roca Mata. Membre actuel de l’Equipe Olympique Espagnole de Voile, elle a participé au 49er FX olympique pour la préparation des Jeux Olympiques de 2016 au Brésil.
Silvia est passée par nos bureaux pour témoigner de son expérience dans le monde de la voile et de la façon dont elle vit la mer en tant qu’athlète professionnelle.
« Félicitations pour votre participation à l’Equipe Olympique Espagnole de Voile ».
« Merci ! C’est un honneur pour moi de faire partie de l’équipe et cela donne des facilités au niveau économique (équipement, voyage, etc.). C’est différent lorsque vous faites partie d’une équipe régionale. Vous avez un planning beaucoup mieux organisé, mais rien n’est garanti.
Dans d’autres sports, comme le football ou le basket-ball, entrer dans l’équipe nationale garantit la participation aux Championnats d’Europe, aux Jeux Mondiaux et aux Jeux Olympiques. Pour la voile, c’est différent. Vous pouvez profitez d’une aide financière, mais actuellement, cela ne donne pas le droit à une bourse mensuelle.
Je vais aller aux Championnats d’Europe, du Monde et à la World Cup Race, mais je ne suis pas sûre d’entrer aux Jeux Olympiques de Rio 2016. Maintenant, deux bateaux ont été sélectionnés et se trouvent dans le top 5 dans l’Equipe Olympique Espagnole, mais un seul ira aux Jeux Olympiques ».
« Il sera choisi en fonction des résultats? »
« Oui, selon des critères objectifs mais parfois restreints à des critères techniques. Par exemple, dans la précédente édition des Jeux Olympiques de Londres 2012, les résultats ont été ex-aequo entre les bateaux et ils ont dû choisir en fonction de critères techniques ».
« Comment avez-vous débuté dans le monde de la voile ? »
« J’ai commencé très petite. Mes parents ont un voilier, et au plus loin que je me souvienne, j’ai navigué. Je dois dire que je n’aimais pas beaucoup ça, j’avais peur, mais j’étais obligée d’y aller avec eux (rires). En fait, quand j’étais enfant, je faisais de la gymnastique rythmique, et mes parents ont décider que je devais arrêter la gymnastique pour me consacrer à la voile. Evidemment, je ne m’y suis pas opposée, j’étais trop petite.
J’ai commencé par des ateliers dans le Port Olympique et j’ai fait mon entrée dans un club, à un niveau de compétition, dans le Masnou, et j’y suis restée de nombreuses années. J’ai commencé à aimer ça et par la suite j’ai été sélectionnée dans l’équipe catalane.
A 18 ans, quand on m’a offert la possibilité d’entrer dans l’équipe nationale, ils m’ont dit que je devais aller vivre à Santander et j’ai accepté le défi. Ce fut le tournant décisif de ma carrière.
Ici, à Barcelone, j’allais naviguer trois fois par semaine quand j’étais étudiante. Je m’entraînais du lundi au vendredi, alternant entre le sport et les études et là, oui, je me suis vraiment engagée. Avec toute une équipe de professionnels (coach sportif, nutritionniste, etc.) et une routine d’entrainement ».
« Qu’est ce que vous aimez le plus dans la voile ? »
« La compétition, sans aucun doute. Je suis quelqu’un de compétitive. Le caractère stratégique de la voile. C’est un sport très exigeant qui nécessite une grande concentration en chaque instant ainsi que de prendre en compte de nombreux facteurs : la direction du vent, les nuages, la mer, etc.
Les sensations de naviguer à la voile est très agréable. Etre en contact avec la nature, l’eau, etc. Certains jours, je sortais du travail de mauvaise humeur et j’allais naviguer et déconnecter de tout, j’aimais tellement… que je rentrais à la maison à nouveau totalement détendue. Je peux avoir froid, être humide, être fatiguée mais ça me rend heureuse. Ce n’est pas la même chose une journée où je navigue et une journée où je ne navigue pas ». (rires)
« Quelle est votre routine? »
« Actuellement, je vis à Barcelone, où je travaille les matins et je m’entraîne deux heures et demi l’après-midi, entre préparation physique, entrainement à l’eau au Port Forum et présentations techniques ou vidéos.
Lorsqu’il y a des compétitions, c’est différent. Tu te lèves pour sortir naviguer pendant deux heures et demi, tu manges, tu parles technique avec l’entraîneur, tu sors naviguer deux heures et demi, préparation physique, tu planifies le jour suivant et tu vas dormir. Il n’y a pas de temps pour le reste ! »
« Quelle a été votre meilleure performance ? »
« Quand j’ai gagné le championnat d’Europe de 2012. Au niveau des sensations, une régate que j’ai fait en France, pendant la Semaine Olympique Française, nous sommes arrivé 5ème et c’était la dernière pour être sélectionné pour les Jeux Olympiques de Londres en 2012 pour la Match Race. Nous étions extrêmement motivés ! »
« Comment voyez-vous la voile dans le futur? »
« Comme un sport, de plus en plus. La voile est toujours vue comme un sport élitiste et de plus en plus cela devient accessible aux gens qui n’ont aucune connaissance en la matière. Je suis de Prat de Llobregat et là-bas, j’adorais faire du patin catalan (voile traditionnelle catalane). Mais la voile a toujours été un sport étrange. Maintenant cela devient plus courant de faire des activités nautiques, par exemple dans les colonies de vacances de voile pour les enfants.
Santander est l’exemple d’une ville destinée à la mer ».
« Quel type de bateau préférez-vous pour la compétition ? »
Le 49erFx est mon bateau actuel, très aérodynamique. Les deux filles sont accrochées sur le trapèze et le bateau va très vite. C’est la Formule 1 de la voile. Et l’adrénaline est incroyable. Spectaculaire, très agréable. Tu sors en volant quand il y a beaucoup de vent. Il faut être vraiment fort pour naviguer avec ce bateau ».
« Tu as un bateau ? Combien de jours par an l’utilises-tu ? »
« Le bateau avec lequel je vais en compétition est le miens et je l’utilise presque tous les jours, du lundi au vendredi et pendant les jours de compétitions auxquelles je participe.
Mes parents ont un voilier de croisière et naviguent le week-end, même en hiver. Ils l’utilisent autant qu’un appartement ».
« Alors vous aimez le concept de bateau-hotel ? »
« Oui, cela me semble très bien, c’est une façon de donner aux gens l’opportunité de naviguer et aux propriétaires d’amortir les coûts, parce qu’ils ont beaucoup de dépenses ».
« Pour quelqu’un qui n’a jamais navigué, que lui diriez-vous pour l’y inciter ? »
« Je pense que nous devrions tous naviguer de temps en temps. Plus que tout pour la sensation d’être au milieu de la mer. Être dans un milieu naturel, sentir la sensation du vent, de l’eau, de la tranquillité.
Tous ceux qui n’ont jamais navigué devraient connaitre le monde de la voile.
Personnellement je pense que Nautal va aider à ce que le monde nautique soit plus connu. Nous ne sommes pas tous conscients de ce que signifie la voile et de ce que nous pouvons perdre en passant à côté ».
« Tu veux ajouter autre chose ? »
« La voile n’est pas aussi connue que d’autres sports. Je souhaite qu’il soit reconnu au niveau sportif et que les titres soient également reconnus ».
« Merci beaucoup de ta visite ! »